Achat de fleurs et d'arbustes

(désolée je suis pas très forte pour les titres)

Naur pénetra dans la petite bâtisse. Le magasin était magnifique, et c'était peu dire. Le nombre de variétés de plantes différentes était exorbitant, surtout qu'elles étaient toutes aussi belles les une que les autres. Le choix allait décidément être difficile...
Il se dirigea vers le petit comptoir en bois tout en faisant attention à ne pas abîmer les diverses fougères lorsqu'il passait dans les allées étroites du magasin.
Quand il arriva à destination, il remarqua la petite annonce pour le poste d'assitant fleuriste. Il interpella alors la personne se trouvant dos tourné au bureau.

- Excusez-moi, pourriez-vous me guider dans mes choix?" dit Naur d'une voix froide mais cependant polie.

Uial se retourna lentement, posa la petite fleure qu'il tenait dans les mains sur le comptoire et sourit à l'Elfe qui lui rendait visite.

"Bonjour" fit-il poliment. "Et bien, c'est mon métier de vous renseigner! Dites-moi à quel environnement seront destinées les plantes que vous voulez acheter."

L'elfe qui était face à lui était d'une rare beauté et dégageait beaucoup de gentillesse mais aussi beaucoup de tristesse.

- Je désirerais des plantes pouvant vivre dans une salle assez éclairée." répondit Naur d'une voix aimable et avec un léger sourire.

- Oui, bien sûr..." Uial fit le tour du comptoire. "Et bien, nous avons des plantes vertes qui résistent très bien, comme par exemple les hibiscus ou les bananiers, ou même les ficus... Regardez par là. Ou sinon, si vous préfèrez les fleurs, il y a les Bégonias..."

L'elfe prit un temps de reflexion, le doigt posé sur son menton.

- Ah, et j'ai aussi un arrivage spécial d'une plante un tantinet fragile si on ne surveille pas bien le dosage d'engrais... C'est Ikki la Plante Verte, que voici." ajouta-t-il en tirant un pot vers lui.

- Eh bien, pourquoi pas quelques hibiscus..." fit l'elfe, pensif. "J'en prendrais quatre et puis, un ficus aussi." termina-t-il sur un ton un peu plus enjoué.

- Très bien!" fit Uial, satisfait. "Je viendrai vous les livrer dans l'après-midi, si cela vous conviens. J'aurai eu le temps de les soigner une dernière fois, et de rassembler les produits nécessaires à leur entretiens. Cela vous va?

- Il n'y a aucun problème. Pourriez-vous me les livrer à l'école de la ville, s'il vous plait? Je vous en serais très reconnaissant." Naur ponctua sa phrase d'un sourire franc, l'elfe lui inspirant confiance. "Au fait, combien-vous dois-je?

- Bien sûr. Pour ce qui est du prix, il ne sera pas bien élevé. Mais je verrai avec l'intendant du château. Si vous êtes bien professeur comme j'ai cru le comprendre, le prix de ces achats sera automatiquement déduit de votre bourse.

- Oui c'est exact, je suis le nouveau professeur de Sciences. Je vous remercie de m'avoir donner ces précieux renseignements." l'elfe s'inclina puis s'appretait à sortir lorsqu'il rajouta" Je m'appelle Naur Aglareb, j'ai été très heureux d'avoir fait votre connaissance."

- mais... moi aussi!" répondit le blond, surpris que leur entretien se termine si subitement.

Le jeune professeur ne devait pas avoir envie de s'étendre en paroles inutiles.
Dommage, car c'était un Elfe et Uial aurait bien aimé parler avec lui pour lier connaissance.
Il le laissa partir et commença à organiser ses plantes.

Naur était parti un peu subitement certes, mais il avait beaucoup de choses à régler et il n'aimait pas vraiment parler pour ne rien dire.
Mais l'elfe, un certain Uial En-Laer d'après la devanture du magasin, lui avait vraiment fait bonne impression.
Il reviendrait, il en était certain.

Regard baissé, Ysaak s'arrêta malgré tout devant le magasin de fleurs, et tourna la tête, sans bouger, mordillant sa lèvre sèche, puis il entra, persuadé qu'il faisait une stupide erreur. Coinçant sa sacoche sous son bras, il se grattait la joue, pensif, il n'avait aucun goût, et aucune aisance naturelle à trouver telle ou telle chose belle. Le monde était laid, pour lui, quoi qu'il puisse arriver. Il allait tendre la main, timidement, comme craignait une quelconque représaille, quand il se ravisa, comme brûlé par cette fleur qu'il voulait toucher, et fit volte-face.

- Je peux vous aider?" demanda gentillement Uial à l'homme qui venait d'entrer dans son magasin. "Cette plante est un magnolia, encore tout petit c'est pour cela qu'il est à l'intérieur. Les fleurs sont ravissantes n'est-ce pas?

Tout en disant cela, Uial s'approcha à pas silencieux de son client, délaissant un instant les Hibiscus qu'il devait livrer à Naur Aglareb.

"-Euh... C'est... intéressant" répondit Ysaak, sans trop y croire. Je jetais juste un oeil... Pour faire un cadeau."
Il se redressa, scrutant un instant le visage pâle et calme de ce jeune homme, certainement le propriétaire de ce lieu.
*Mais qu'est-ce que je fais là*
Il posa sa main derrière sa tête, se grattant la nuque.
"-Je... Je voudrais acheter une fleur, mais je ne sais pas laquelle."
*Je suis un abruti*

Uial sourit de manière douce et bienveillante.
Le jeune homme qui venait d'entrer dans son magasin semblait des plus perdus.
Il décida de continuer à parler de plantes, sujet anodin, mais qui au moins n'empiètait pas sur la vie du brun.

- Et bien, tout dépend... Voulez-vous plutôt une fleur simple, ou un arbuste? D'intérieur ou d'extérieur? Pour quelqu'un de plutôt délicat ou faut-il plutôt une plante résistante? C'est comme cela qu'on choisit une plante. Parce que mine de rien, ce sont des êtres vivants, constitués de cellules comme tout ce qui nous entoure. Et nous autres Elfes pensons même qu'elles ont un esprit. Et de grands pouvoirs apaisants." murmura-t-il enfin. "Puis-je simplement vous demander votre nom avant de continuer? Dans un endroit comme celui-ci, il ne faut pas craindre d'être connu.

Le regard rouge du blond fixait les fleurs rosées du Magnolia, et un petit silence tranquille s'installa.

"-Nergal... Je veux dire Ysaak Nergal... C'est pour ... euh... une personne importante... Euh plutôt, gentille, et bienveillante, résistante aussi."
Idiot, idiot, idiot, voilà ce qu'il était. Il voulait faire un cadeau à Ma, et il s'était dit qu'une fleur serait un présent parfait, et il se voyait démuni, il n'y connaissait rien. Il fallait alors qu'il s'en remette à ce garçon. Il se râcla la gorge, et reprit :
"-Et vous, vous êtes ?"

- Je suis Uial en Laer, le propriétaire de ce magasin." répondit l'Elfe toujours en souriant.

Il mit toute la douceur possible dans sa voix lorsqu'il reprit la parole, car le jeune Nergal possedait la même lueur de profonde tristesse au fond de ses prunelles que lui. Rien de très réjouissant.

- Et bien, Ysaak... Je pense que cette fleur ci sera parfaite.

Il quitta un instant le brun puis revint avec un petit pot de terre cuite entre les mains.
La plante était bien verte, généreusement fournie en grosses feuilles épaisses et grasses, d'une jolie forme de coeur, et les fleurs qui poussaient aux bout des tiges étaient des plus étranges: elles étaient d'un bleu ciel vers les bords et d'un violet pâle près du coeur qui lui restait verdâtre. La fleur ne semblait être constituée que d'un seul pétale, qui était enroulée autour du coeur en un cône gracieux, la pointe collée à la tige et la base de ce cône élargie vers l'extérieur.

- Elle est étrange, mais très résistante et dégage un parfum discret et frais, un peu comme celui d'un fruit d'été. Chez nous, on dit qu'elle pousse là où des larmes de pure tristesse ont été versées. Cependant, elle ne s'épanouit qu'au soleil. Ce qui la rend moins macabre" fit l'Elfe avec un petit rire gêné. "Veillez à l'arroser une fois par jour et à la laisser bien au soleil durant la journée, pour la rentrer la nuit afin d'éviter le gel. Enfin, si vous choississez de prendre cette plante bien sur...

Uial reposa le pot sur un bout de table vide et baissa le regard.

*là où des larmes de pure tristesse ont été versées... parfait, chez moi, cette fleur s'épanouira à ravir.*

Ysaak observa la plante, hésitant à la toucher, levant et rebaissant le bras sans cesse. Elle lui plaisait, mais Ma l'aimerait-elle ? Elle lui ressemblait pourtant, ces couleurs pâles, et douces, reflétaient si bien l'esprit de cette femme qui consacraient les dernières années de sa vie à sa personne.
"-Je vais la prendre, je pense, dit-enfin Ysaak, retrouvant les yeux de Uial, qui les avait baissés quelques secondes avant. Je vous remercie de vos conseils, termina t-il, poliment, mais la voix toujours aussi atone."

Ce garçon semblait sympathique, et il ne l'avait jamais vu auparavant, même s'il ne sortait pas beaucoup, si ce n'est pour aller donner ses cours, ou se promener, seul, dans des endroits paisibles.

Le visage d'Uial était sombre, pourtant, mais d'une souffrance réelle du passé, d'une marque profonde laissée par des souvenirs atroces. Sa douleur à lui n'était que l'amocellement de ses faiblesses, qui l'avait conduit ainsi. Il s'approche enfin du comptoir pour payer.

Le visage blanc de Uial s'éclaira de gaité lorsqu'Ysaak décida d'acheter la fleur.
Il la prit et passa derrière le comptoire.

- Vous verrez, elle va fleurir magnifiquement j'en suis sûr. Plus elle fleurit, plus elle apaise dit-on, car elle a quelque chose d'hypnotisant..." expliqua-t-il tout en disposant un joli papier gaufré autour de la plante. "Voilà, comme ça elle ne s'abîmera pas. Et voici de l'engrais. Dès que des feuilles mortes apparaissent, je vous conseille de les couper délicatement à la base avec un ciseau propre. Si vous avez des enfants, faites attention à ce qu'ils ne mâchent pas les feuilles, cela peut être toxique. Mais si c'est le cas, venez me voir ou allez à l'infirmerie du château.

Uial se tut enfin et soupira doucement.
Il n'osait plus trop regarder Ysaak dans les yeux; il semblait tellement vide et dévasté; et lui qui parlait pour ne rien dire... Enfin, il parlait de la plante, rien d'autre, sans que cela ne change les pensées de son interlocuteur comme cela avait pourtant coutûme de faire chez les autres.
Puis il se redressa, eut un sourire timide et regarda le jeune homme.

- Voilà... Pour ce qui est du prix, vous reviendrez me payer plus tard, car si la plante est malade ou non appropriée à votre environnement, le prix sera baissé en conséquence.

Il donna la plante à Nergal, ses mains pâles touchant celles, gantées, du brun, le faisant imperceptiblement frémir.
Sans savoir pourquoi, il sentait quelques tristesses passées lui revenire en mémoire.
*pas encore... pas maintenant!*
Il aurait bien voulu retenir ce jeune professeur pour le faire un peu parler, mais il n'essaya pas d'insister, et attendit.

Ysaak le contempla emballer la fleur dans un papier étrange, et commença à fouiller dans ses poches, levant les yeux au ciel, en cherchant son argent. Il écouta d'une oreille distraite ce que lui apprenait Uial - si lui adorait enseigner, il n'aimait que peu qu'on lui inculque le savoir. Il lui répondit malgré tout :
"-Je n'ai pas d'enfant. Je préfère payer tout de suite, peu importe si elle est est malade, ou peu appropriée, elle s'en occupera très bien, elle adore les fleurs."
Il jeta quelques pièces sur le bois, certainement bien plus qu'il n'en fallait, mais il n'avait aucune envie de revenir encore une fois ici, il se sentait mal à l'aise, et peut-être même humilié, d'avoir pour une fois, penser à quelqu'un d'autre que lui-même. Et la force qu'il ressentait en Uial l'énervait, et le peinait, il l'enviait lui aussi pour savoir faire face. Il lui tourna le dos, le sac d'engrais dans une main, sa sacoche toujours sous le bras, et la plante dans l'autre main.
*Je dois avoir l'air stupide. Et dire que je vais sortir comme ça jusque chez moi...*
Il poussa la porte du pied, mais tourna légèrement la tête, cherchant le regard d'Uial, avant de s'en aller comme il était venu.

Uial regarda partir Ysaak sans rien dire.
Il était peiné, il lui semblait qu'il avait énervé le brun.
MAis il comprenait.
Ces yeux... ils recherchaient la solitude.
Il ne pouvait décemment pas retenir Nergal ici, sans raison valable qui plus est.
Il soupira et fit distraitement l'inventaire de ce qui lui restait à faire, avant de relever la tête et de s'appercevoir avec surprise que le professeur avait les yeux tourné vers lui.
Il resta un moment sans bouger, un peu gêné, puis sourit doucement et se frotta les mains.

- Revenez dès que vous le voudrez, c'est ouvert tout les jours. Je vous rembourserais la somme. C'est beaucoup trop.

En disant cela, il écarta une pile de pièce sur le côté, n'en remettant que quelques unes dans sa caisse.

Il entendit à peine ce que lui disait Uial, il avait perçu quelques mots, comme "dès que vous voulez" ou encore "tous les jours". Il tentait de mettre bout à bout ces deux phrases, pour n'en faire qu'une seule, mais le résultat ne lui plaisait pas trop. Il s'arrête quelques secondes devant la porte refermés, et murmura un petit au revoir pour lui-même, avant de prendre le chemin du retour, s'engageant dans la direction de la cour, qu'il devait traverser pour rentrer chez lui.

Le silence habituel et paisible du magasin revint s'installer.
Uial s'assit sur son tabouret et s'appuya au comptoire, le menton dans la paume de sa main.
Son coeur lui faisait mal.
La vision de Nergal derrière la vitrine embuée, qui le fixait de ses yeux vides, l'avait affecté, sans qu'il sache pourquoi.
Il semblait venir d'ailleurs, trop loin pour qu'on puisse savoir d'où exactement, et un mur de glace semblait l'entourer, sans que quiconque puisse être à même de le briser.
Sa maladresse apparente n'était que le fruit de sa solitude; il ne devait vraiment pas être habitué à être près de quelqu'un et de discuter avec lui.
La curiosité mal placée d'Uial s'était sentie chatouillée, et pourtant le blond était partagé: d'un côté, il voulait connaître un peu plus ce nouveau client, comme il le faisait avec tout ceux qu'il croisait; et d'un autre côté, il voulait l'éviter à tout prix car sa souffrance indéniable lui rappellait trop la sienne.
Il voulait lui offrir une fleur... à "elle"... Peut-être à son épouse défunte, bien que le brun semblait très jeune...
Uial appuya les paumes de ses mains contre ses yeux et respira profondément.
Son épouse défunte...
Brusquement, il se redressa et frappa ses poings contre le comptoire.
il ne fallait pas penser à ça! Il avait un travail à finir!
Rageur, il prit un petit chariot, y disposa les plantes destinées à Naut Aglareb et sortit de son magasin pour se diriger vers l'école.