W[hell]Come - Natchin Reyep's Den

Natchin avait quitté à grands pas la cuisine pour rejoindre sa chambre.
Celle-ci, bien que spatieuse en réalité, paraissait petite et étouffante tant on y trouvait de statues aux poses lascives, de tentures de velours noir, de coussins à même le sol... Son grand lit où au moins quatre personnes pouvaient s'allonger sans empièter les unes sur les autres trônait dans un coin de la pièce, les baldaquins de soie et de tulle à moitié refermés. De gigantesque miroirs traînaient ça et là, ainsi qu'une fontaine pleine, et les volets étaient fermés. Une seule bougie brillait, posée sur la commode de bois massif.
Le rouquin se jeta par terre, au milieu de ses coussins, et se mit en devoir de bouder, très mécontent de s'être fait évincer de la sorte par Ky.

Ky partit en trotinnant vers les appartements de Natchin. Il avait besoin de lui parler, même s'il ne comprenait pas vraiment pourquoi. IL n'avait pas fait grand-chose, à part parler avec Ruki... Ky eut un sourire, en s'arrêtant devant la porte.
*Tu es jaloux, Natchin...*
Il entra sans frapper, la pièce était sombre, il distinguait mal les contours, mais s'habituant enfin, il discerna les grands miroirs, qui le mettaient mal à l'aise, il préféra les ignorer, et la décoration singulière de la chambre de son ami. Il s'assit sur un coussin, Natchin lui tournait toujours le dos - peut-être ne l'avait-il pas entendu entrer, il avait été discret.
"-Nat..."

Le démon sursauta, ainsi, il ne l'avait pas vu. Quand il se retourna, Ky tenta un sourire, mais le jeune homme semblait vraiment vexé.

"-Nat... Ne boude pas... Je n'ai rien fait de mal."

Natchin se retourna et le fusilla du regard.

- Non, c'est vrai, t'as rien fait à part me jeter comme un malpropre et me taper l'ignore!!!" grinça-t-il en revenant à sa contemplation antérieure.

Il osait lui dire ça! Alors qu'il l'avait grondé parce qu'il avait réveillé un étrangé qui croyait que sa cuisine était une salle des fêtes; alors qu'il lui avait donné l'ordre de cuisiner aussi séchement que s'il n'était qu'un vulgaire serviteur; alors qu'il avait parlé amicalement et en faisant des sourires aguicheurs à l'étrangé sus-cité.
A part ça, pas grand chose, en effet.
Ils étaient juste amis depuis des siècles et Ky ne lui parlait jamais comme ça.
A part ça, rien de bien méchant.
Juste un profond sentiment d'injustice et de traîtrise.
Le rouquin claqua de la langue et soupira.

Ky eut un sourire, décidément, Natchin l'avait mauvaise, mais il savait très bien comment lui remonter le moral. Il s'étira doucement, et se vautra sur le démon, qui s'était allongé sur le dos.
Sa jupe remonta un peu alors qu'il s'installant sur Natchin, s'asseyant sur son ventre, et lui fit un sourire, avant de lui embrasser le bout du nez :

"-Tu es jaloux, je n'arrive pas à y croire. Je n'ai rien fait, je voulais juste me montrer agréable. Tu ne vas pas me faire la tête pour ça, Nat. Tu es mon ami, et tu le sais. Puis tu m'avais promis de me faire de quoi manger. Et résultat, je suis toujours à jeun, au bord de la famine. Enfin, ce n'est pas grave."

Il quitta sa position un peu scabreuse, et s'allongea près de Natchin, en souriant. Il n'osait pas se l'avouer mais il aimait bien que le démon soit ainsi possessif.

Natchin retrouva son sourire dès que son ami s'assit sur lui.
Il était si beau, si désirable, si sexy...
Le rouquin se tourna vers Ky lorsque celui-ci se fut allongé et caressa son visage.

- Tu te rends pas compte comme tu es sadique avec moi." chuchota-t-il en souriant. "Tu fais les biches effarouchées mais tu joue avec moi comme avec un pantin.

Sa main coula le long du cou puis du torse fin de Ky, frôla sa hanche puis sa cuisse, et remonta, avant de redescendre, dans un va-et-vient infini.

- Je suis jaloux, c'est vrai. Je te connais depuis des siècles et ce mec - ok il était mignon - débarque et en cinq minutes tu lui offre tes charmes. C'est dégoûtant. Ca m'excite et quand je sais que c'est même pas pour moi ça me fous en rage, tu peux pas imaginer...!

Natchin poussa gentiment Ky et se pencha au-dessus de lui.

- Tu veux pas me refaire le même cinéma, à moi, en privé?" demanda-t-il malicieusement en donnant un petit coup de langue sur les lèvres de Ky. "Après je te ferai un repas du feu de dieu, un truc aux fruits de mers - parce que c'est aphrodisiaque - qui te remontra et on ira voir ensemble dans mon lit si on y est...

Ky sourit gentiment, et chassa la main un peu trop baladeuse de Natchin, qui le faisait rougir, malgré tout :

"-Tu sais que j'aime que tu sois jaloux, lui dit-il, avec un sourire un peu moqueur. Et puis, j'aime jouer et tu le sais. A toi de savoir résister, mon petit Nat. Mais je suis ravi de savoir que je t'excite, conclut-il, en s'étirant langoureusement"

Natchin le regardait encore, et il passa ses bras autour de son cou, avant de murmurer :

"-Te jouer le même cinéma, pourquoi pas ? Alors... Salut, je m'appelle Ky, je m'occupe de la volière, et toi ? Ca te convient, comme petit jeu Natchin ?"

Il s'amusa à mordiller doucement l'oreille de son démon, il voulait continuer à allumer cette ardeur - serait-il en mesure de l'arrêter à temps - et reprit :

"-Oublie le dîner, quant à ton lit, je crois qu'on y est déjà."

Et quand Natchin se pencha pour l'embrasser, il tourna la tête, avec un sourire sadique. Nouvelle tentative, et nouvelle esquive. Jusqu'ou Natchin pouvait-il se retenir ?

(nonnnnn toute ma note s'est effacée!!!)

Natchin se mit à rire doucement devant ses défaites successives.
Il plongea son regard trouble dans celui, espiègle, de son ami.

- Ravi de te connaître, Ky... Moi je suis Natchin, cuistot. Dieu du Sexe ils acceptaient pas sur mon CV...

Puisque les lèvres douces et sucrées du semi-Elfe lui échappaient sans cesse, il se décida à attaquer son cou et ses épaules, tandis que sa main passait sous le tissu du haut de Ky pour aller malaxer tendrement les mamelons qui durcissaient peu à peu.

- Tu aime m'exciter?" murmura-t-il d'une voix enrouée au creux de l'oreille piercée de Ky. "Alors continues comme ça...

Sa langue courait sur la peau dorée, son souffle chatouillait les endroits sensibles du buste du volier, et son désir s'attisait rapidement.
Faire l'amour avec Ky, cela ne représentait rien pour lui, dans le sens où il ne se sentirait pas lié plus spécifiquement à lui après. Mais loin de vouloir le faire juste pour se soulager - il avait nombres d'autres compagnons pour cela, et Ky était placé beaucoup trop haut dans son héstime - il voulait aussi faire comprendre à son ami qu'il était spécial, un être irremplacable à ses yeux, un peu comme un frère, ou un jumeau.

- Je t'aime mon petit Ky, je t'aime, je t'aime, je t'aime..." chantonnait-il contre la peau du semi-Elfe. "Et toi?

Ky souriait sous les attentions coquines de Natchin, et le laissa glisser sa main sous son vêtement, mais quand le démon lui demanda s'il l'aimait, sa gorge se serra, et il chuchota, en essayant de garder contenance :

"-Je t'aime bien, Natchin. Comme toi, tu m'aimes bien aussi."

C'était juste un mensonge, pour ne pas se faire de mal. Il l'aimait, ni bien, ni mal, il l'aimait, mais il n'était qu'un ami, pour le démon, et il le savait. Cette nuit, il n'irait pas plus loin qu'il ne l'aurait décidé, et il ne lui donnerait pas son corps, parce qu'il ne savait pas ce que Natchin en ferait, et surtout, parce qu'il n'était pas prêt, à revivr les mêmes gestes, qui avaient tué sa conscience, il y a des années. Il plissa les yeux, pour retenir ses larmes. Et d'une habitude qui ne lui était pas coutumière, il dit :

"-Nat... Pardon, pardon, mais je ne peux pas... Ne m'en veux pas... Ou si,tu peux m'en vouloir, parce que je ne fais que jouer avec toi... Mais je ne peux pas..."
Il repoussa le démon, et s'assit parmi les coussins un instant, redescendant son haut, et s'enfuit rapidement, avant que NAtchin ne réagisse et ne s'énerve, comme il s'imaginait. Il traversa les couloirs à toutes jambes, sortant du chateau, pour retourner chez lui. De toute façon, demain, il devait aller à l'école, pour s'occuper des quelques oiseaux, qu'ils conservaient pour leurs étudiants.

Natchin fronça les sourcils mais laissa partir Ky.
De toute façon, s'il l'aurait retenu, il aurait eu droit à une crise de larmes, et puis le froid était jeté.
Qu'est-ce qui ne tournait pas rond avec Ky?
Ou avec lui?
Est-ce qu'il faisait mal les choses?
Non c'était impossible. Il n'était pas ce qu'il était pour rien! C'était vraiment chez le semi-Elfe que résidait le problème.
Il faudrait régler ça au plus vite, parce que Ky s'en allait toujours aux moments les plus intéressants et ça commençait à bien faire.
Il soupira lourdement et se traîna jusqu'à s porte pour la fermer, avant de venir s'affaler sur son lit.
Il tira d'un coup sec sur le cordon qui retenait ses baldaquins et décida de dormir un peu avant le matin, où il irait retrouver Ky.
Au creux de ses draps frais, il ne pu s'empêcher cependant de finir ce qu'il avait commencé, mais seul malheureusment.

Natchin était enfin retourné au château.
Dans sa tête, l'image de Ky accroché à lui, en larmes, tournait en boucle.
Cela ressemblait à un cauchemard...
Le rouquin se laissa tomber sur son lit, protégé par les lourds baldaquins de velours.
S'il serait resté à Dys, rien de tout cela ne serait jamais arrivé, et il serait toujours le Démon fort et fier, pas cette masse de sentiments torturés.

- Ky, tu n'es qu'un abrutit!" hurla-t-il en frappant dans ses coussins. "C'est moi l'abrutit plutôt... oh, mais qu'est-ce que j'ai fais, Ky? Pourquoi est-ce que rien n'est simple avec toi? Pourquoi est-ce que je ne peux pas être juste ton ami? pourquoi est-ce que je souffre comme ça...?

Sa voix brisée résonnait dans la pièce sans personne pour lui répondre, et encore moins celui à qui il s'adressait.
Ca ne pouvait pas se terminer ainsi. Il fallait faire quelque chose...
Mais Natchin n'en avait pas la force.
Il se disait que ça serait à jamais la même chose, quoi qu'ils fassent.
Il allait attendre. Peut-être qu'il allait se souvenir de comment vivre seul et sans soucis... et s'y accoutûmer, et oublier...
Le rouquin ferma les yeux et retint ses gemissements. Dans sa poitrine, son coeur criait et pleurait, dévoré par les ombres de la tristesse.

Il avait marché lentement, de Ky au couloir des appartements des employés, avant de pousser la porte de son antre, comme il l'appellait.
Il se tenait à présent au centre de la pièce, et il en regardait chaque détail: les coussins de soie posés ça et là sur le parquet, la fontaine qui diffusait un bruit relaxant, les statues aux coins de la chambre, le lit aux draps orangés et aux baldaquins à moitié tirés, ses vêtements bien rangés dans la grande armoire... Autant d'objets qu'il côtoyait depuis des années mais qui lui devenaient de plus en plus étrangers. Aujourd'hui, sa chambre n'était plus le lieu où il se délestait de ses pulsions sur le compagnon d'une nuit, mais le sanctuaire de ses larmes et le seul témoin de sa transformation depuis qu'il connaissait Ky.
La tête vide, il se dirigea vers sa salle de bain, y alluma quelques bougies et fit couler de l'eau brûlante dans la large baignoire qui ornait le centre de l'endroit. Il y entra sans sourciller et s'immergea totalement sous l'onde chaude, jusqu'à ce qu'il fusse vaincu par le manque d'air et la température infernale qui mordait son visage. Il remonta à la surface et entreprit de laver ensuite, pendant plus d'une heure, son corps et ses cheveux. L'eau roulante sur sa peau le faisait penser à autre chose.
Une fois sortit du bain, il revêtit un pantalon baggy noir et un débardeur marron chocolat, puis il alla s'assoir à sa maquilleuse. les yeux rivés à son reflet, il commença par se coiffer lentement, puis il prit son temps pour choisir quelques colliers et quelques bracelets pour décorer son cou et ses poignets. Il fit de même avec ses piercings, avant de passer à ses petites cornes qu'il lustra longtemps, passant aussi un peu de peinture dorée dans les rainures qui enlaçaient l'os proéminent. Il balaya d'un coup rapide et habitué ses paupières de poudre ocre, puis il se contempla à nouveau dans la pénombre du miroir, seulement éclairé par les bougies à l'odeur de canelle.
Ces gestes simples et mécaniques lui changeaient les idées. Au moins ne pleurait-il plus, mais évoluait dans une mélancolie nébuleuse où le souvenir de Ky et de leurs altercations était à moitié effacé.
Il se demandait vaguement si ces derniers jours n'avaient pas été un rêve, ou un récit qu'on lui avait fait, si réel, qu'il l'avait fait sien.
Fin prêt, content de son apprence et étrangement plus calme que quelques heures auparavant, il ressortit de la chambre, se balladant dans tout le chateau, les mains posées sur les murs agréablement froids.
Il ne savait pas trop où aller, aussi décida-t-il de marcher au gré du vent et de s'arrêter lorsqu'il serait fatigué.
Redécouvrir la ville qui l'hébergeait et les gens qui la peuplait sous un jour nouveau, plus flou mais aussi plus engageant.

(désoléééé, je m'ennuyais ferme, et bon, vu que le forum est légèrement mort en ce moment, je me permais de poursuivre un autre sujet )

[de retour de la volière]

Ky avait gambadé avec joie jusqu'au château. Il avait passé une journée délicieuse, à l'ombre des grands arbres, près de la volerie, et parmi ces oiseaux qu'il chérissait. Il avait déjeuné seul, Natchin n'avait pu le rejoindre à midi, mais il ne s'en était pas inquiété, et avait repris ses activités. Un jeune villageois était venu le voir, pour lui demander quelques renseignements sur les rapaces, et Ky s'était fait une joie d'éclairer ses lanternes. Ils avaient discuté longtemps ensemble et Ky était impatient de raconter sa journée à Natchin.

Il monta les escaliers en pierre à la hâte, parcourut sans attendre le long couloir de pierre et poussa discrètement une lourde porte en bois massif. Il n'y avait personne encore dans la chambre, et l'odeur de l'encens le prit à la gorge. C'était entêtant et enivrant, et il marcha à travers les coussins et les soieries qui décoraient la chambre de Natchin. Il contempla la petite fontaine, amusé, jouant avec l'eau d'une maine légère et pâle. Il délassa ses sandales, massant sa chair que les lacets avaient marquée, et s'assit au bord du large lit.

Il s'allongea en s'étirant, ronronnant comme un chat et ferma les yeux. Les bras en croix, il observa le plafon de dalles noires et se tourna sur le côté, fatigué.