En cours d'Histoire

Le lendemain, Ysaak était retourné de bonne heure à l'école, il avait à faire, ayant oublié une partie des copies qu'il devait corriger, il s'était mis en tête de le faire avant l'arrivée de ses élèves, qui de toute façon, n'étaient pas bien brillants. A moins que ce soit sa manière d'apprendre qui soit mauvaise...
Le cadeau qu'il avait fait à Ma lui avait énormément plu, elle l'avait serré dans ses bras pour le remercier, même s'il était gauche, pour offrir son affection, il avait fait l'effort, de refermer un de ses bras autour de ses épaules frêles de vieille femme. Ma avait posé la plante au milieu de la table, pour cette nuit, puis l'avait placé ensuite sur le bord de la fenêtre, dès le matin.
Cette fleur étonnante lui rappelait par son nom, tout un passé douloureux de vestiges à oublier pourtant, mais à travers ces pétales, aux couleurs étranges, il revoyait Uial et son sourire comaptissant, ses yeux qui cherchaient à comprendre.
Ysaak plissa le nez, et tapota ses lèvres d'un crayon. Verdelet, perché à la fenêtre, commençait à s'agiter, annonçant l'approche de quelqu'un...

Uial soupira et s'essuya le front.
Il avait promis le jour précédent à NAur qu'il s'occuperait de rendre au jardin attenant à sa salle de classe un aspect digne.
Les instruments, le terreau, les graines qu'il transportait sur son habituel chariot en métal étaient lourds, mine de rien.
Et le soleil brillait fort.
Arrivé devant l'école, il poussa prudement la porte qui grinça légèrement.

Il fronça les sourcils, en entendant la porte grincer. Etait-ce déjà un de ses élèves ? Il allait se lever pour lui demander de ne pas rentrer, et sortit de la pièce, mais quand il vit apparaître le visage de Uial, il resta comme de ronds de flanc, à le fixer, sans comprendre. Etait-ce un mauvais hasard, ou était-il venu de lui-même, ici ? Quand il aperçut le petit chariot, il se redressa pour de bon, et l'accueillit par cette parole :
"-Qu'est-ce que vous faîtes ici ? Le jardin n'est pas dans cette classe !"

Uial sursauta et manqua de se prendre les pieds dans sa tunique lorsqu'une voix froide l'interpella.
Il se releva et fronça les sourcils, laissant ses yeux fragiles s'habituer à la semi-obscurité qui regnait dans le couloir.
Quand il reconnu Ysaak, son visage s'illumina d'un de ses sourires coutûmiers.

- Ysaak! Bonjour!" fit-il gentiment. "Et bien... je venais juste m'occuper du petit lopin de terre qui se trouve derrière la salle de cours de Naur Aglareb...

Il entra, puis son expression se fit soudain plus penaude lorsqu'il vit les traits durs du brun.

Ysaak lui tourna le dos, brusquement et retourna dans la salle, s'exclamant sans un regard pour Uial.
"-La salle de Science n'est pas ici, et arrêtez de vous promener avec ça ici, vous mettez du terreau partout."
Il allait tirer un des rideaux, quand Verdelet fit son interruption, et le mouvement d'air de ses ailes dérangea les cheveux de Ysaak, qui ferma les yeux, avant d'essayer de ses dépêtrer de toutes ses mèches qui s'étaient emmêlés devant lui. En rouvant les paupières, il constata que Uial était toujours là, tout comme son corbeau, qui fixait le fleuriste, de ses yeux glauques.

Le blond baissa les yeux.

- Je suis désolé. Je ne pensais pas vous déranger. Mais je fais mon travail tout comme vous. Rien ne vous empêche de retourner vous enfermer dans votre classe si vous ne voulez voir personne! Vous me bloquer le passage. La salle de Sciences est par là.

Sa voix et son regard s'étaient faits plus durs.
Il n'allait pas se laisser démonter comme cela!

Ysaak se renfrogna, de quel droit se permettait-il de lui parler comme ça ? Si lui se l'autorisait, il ne sûpportait pas de l'entendre chez les autres. Il lui laissa le passage, cependant, les bras croisés sur la poitrine, et la tête tournée, pour ne pas le voir. Il repartit s'enfermer, faisant claquer la porte, mais jura, en se rendant compte que son corbeau ne l'avait pas suivi.
"-Verdelet, l'appela t-il, avec autorité."
Mais il n'entendait rien, pas même le croassement itératif qui lui répondait normalement, dès qu'il prononçait son nom. Il traversa le couloir, exaspéré et fit irruption dans la salle de Sciences, déserts, alors que le professeur, Naur Aglareb n'était pas encore là. La baie vitrée au fond était restée ouverte, et il passa dessous, plaçant brutalement sa main devant ses yeux, alors que le soleil brûlait dans le ciel. Il faisait chaud, il se sentait mal, et appela à nouveau Verdelet, et serra les poings en apercevant son oiseau perché sur la branche d'un petit arbre, près de Uial.

L'Elfe était assit au milieu de l'herbe folle, sous le soleil qui faisait briller ses longs cheveux de milles feux, et avait la main tendue en direction de Verdelet, qui le regardait curieusement, essayant de toucher délicatement son plumage noir.

- Viens...!" murmurait-il en souriant. "Viens, n'aie pas peur! Allez...

Il riait de voir l'oiseau hésiter.

- D'accord, tu ne sais pas... Tu es autant peu sûr de toi que ton maître on dirait? Viens... je ne vais pas te faire de mal.

Il se leva doucement et arracha deux ou trois mauvaises herbes tout en gardant un oeil amusé sur le corbeau.

- Tu es si joli. Annonces-tu réellement de mauvais présages? Non... Toi tu es si joli... Me laisserai-tu toucher ton plumage, petit oiseau?

*Verdelet*

Il resta un instant à contempler son corbeau et Uial, qui semblait lui parler, mais il n'entendait pas ce qu'il lui disait. Il foula l'herbe grasse qui composait ce jardin, et s'apprêtait à le siffler une nouvelle fois, quand Uial posa sa main sur le plumage noir de Verdelet. Personne n'avait droit de toucher son oiseau, pas même Ma. le frêle équilibre de raison de Ysaak se brisa soudain, et il attrapa Uial par l'épaule, lui arrachant un petit gémissement, tandis que Verdelet, surpris, s'envolait, dans un long cri effrayé. Le démon ne lâchait plus la tunique du fleuriste, et il s'écria, furieux, sortant pour la première fois de sa retenue :
"-Ne touchez jamais à Verdelet, il ne connait personne d'autre que moi ! Si jamais vous l'avez fait fuir, je vous le ferai payer"
Uial était de la même taille que lui, mais le visage du jeune homme n'exprimait aucune peur, juste de la consternation.

Uial se sentit violemment tiré en arrière et il leva de grands yeux surpris vers Ysaak.
Le jeune professeur lui hurlait dessus avec tant de fueur!
Il ferma les yeux et attendit que le brun veuille bien se calmer. Lorsque ce dernier se tut, Uial remonta sa tunique d'un coup d'épaule et se redressa en époussetant ses vêtements.
En soupirant, il tourna la tête vers le ciel, là où avait disparu Verdelet.

- Vous lui avez fait peur, Ysaak..." constata-t-il simplement. "Il reviendra quand il sera calmé.

Le blond sortit un rateau et se mit à travailler la terre tranquillement, ignorant le brun; son visage gardant cependant une expression fermée.

- Oui, il a eu peur..." marmonna-t-il. "Lui qui devenait si confiant. Ah, mais vous voulez qu'il soit comme vous, seul à jamais peut-être... Hmm... lui qui devenait si confiant... Tss...

Il secoua la tête et chassa un moucheron qu s'état posé sur sa joue blanche.

- Quel gâchis.

Ses yeux allaient et venaient de Uial, aux nuages dans lesquels avait disparu son corbeau, son unique ami. Il voulut le rappeler mais sa gorge était sèche, et aucun mot ne sortit. Il observait Uial, accroupi, arrachant ça et là quelques chardons, et il se figea quand le blond parla plus pour lui même, certainement. Et parmi toutes ces phrases, une frappa son esprit, de plein fouet, de telle sorte qu'il ne pouvait pas y échapper.
*Comme vous, seul à jamais*
A jamais... Depuis toujours... Il savait qu'il vpouvait tenir une éternité, du moins il voulait le croire ainsi, mais sans Verdelet, jeté dans la vraie solitude, il ne savait plus que faire. Il recula, secouant la tête, murmurant des petits non, qui ne voulaient plus rien dire, et quand une première larme se mit à couler sur sa joue, il s'enfuit en courant, bousculant le charriot de Uial sans vraiment le faire exprès.
Il s'enferma dans la salle de cours, et s'appuyant contre la porte, la main devant la bouche, il voulait retenir ses sanglots. Et cet oeil... qui pleurait des larmes de sang.

Lorsqu'Uial entendit les pas précipités d'Ysaak, il prit conscience qu'il avait parlé à haute voix.
Lui qui se vantait intérieurement d'avoir du tact et de toujours veiller sur ses paroles pour ne pas blesser autrui, voilà qu'il venait de faillir lamentablement à ses habitudes.
Il se mordit la lèvre et fixa la porte vitrée où venait de disparaître le Démon.
Puis il baissa la tête, ne sachant que faire, les yeux rivés au sol sans qu'il ne le voit vraiment.
Il repensait à son monologue; il avait vraiment été odieux. Dans son magasin, il s'était pris à penser à Ysaak, à imaginer ce qu'avait bien pu être sa vie, et à souhaiter qu'ils deviennent proches, sinon amis, pour le soulager un peu de sa douleur. Et voilà qu'il avait tout raté, comme un imbécile.
Mais il fallait bien qu'il l'avoue: le comportement pour le moins étrange du brun avait un petit quelque chose qui l'énervait. Trop lunatique, ou trop égoïste.
Uial s'était vraiment senti touché au magasin, lorsqu'il avait vu entrer ce beau jeune homme à l'aura si triste et au regard vairon si plein de solitude, tout maladroit, ne sachant pas où se mettre, prêt à faire quelque chose qui le dépassait... Il était comme un enfant qu'on n'avait eu cesse de gronder, qui vient se cacher les yeux pleins de larmes prêtes à exploser, et qui frémit à l'idée que vous allez peut-être le frapper alors que vous ne voulez que le consoler.
Mais aujourd'hui, le brun avait été littéralement détestable. Rien, pas un bonjour, pas une phrase polie, ni même un sourire; juste des mots secs et méchants et une crise de nerfs.
L'Elfe porta une main à son front et soupira.
*A moins que ça ne soit moi qui vais de travers...*
Il soupira à nouveau et se remit sérieusement au travail, bien décidé à finir avant le soir si c'était possible, et se dit qu'il irait s'excuser plus tard auprès d'Ysaak, si c'était vraiment aussi grave que cela qu'il ait touché Verdelet.

Lorsque Naur entra dans l'école, il perçu quelques éclat de voix venant de la salle de sciences et vit un homme en fureur partir s'enfermer dans une autre salle.
Il rentra alors dans la pièce, espèrant que rien n'avait été mis à sac...
Il remarqua que la porte-fenêtre était ouverte et se dirigea donc vers le parc en friche pour y découvrir le fleuriste.

- Bonjour." dit-il, la voix quelque peu soucieuse." Excusez-moi, j'ai dû aller faire un tour en ville pour acheter de quoi remplacer les rideaux..."

Uial sursauta tandis que Naur l'interpellait.
Il se retourna et se détentdit en reconnaissant le roux.

- Oh, bonjour Naur!" fit-il avec son éternel sourire chaleureux. "Ce n'est rien voyons, vous faites ce que vous avez à faire. Je ne suis pas arrivé depuis bien longtemps, je commençais juste à désherber. Vous allez bien?

Tout en discutant, le blond continuait son travail de défrichage, tantôt debout et ratissant, tantôt accroupi et arrachant du chiendent à la main.
Pour être efficace, il fallait qu'il se change les idées.

- Je me porte bien, et vous?" questionna en retour Naur. " Auriez-vous besoin d'aide, pour remettre votre chariot en ordre?

Tout en disant cela, Naur observait le fleuriste et essayait d'imaginer la scène qui s'était déroulée en son abscence.

- Heu..." Uial jeta un coup d'oeil à son chariot, qu'Ysaak avait buosculé en partant. " Bah... non ce n'est pas grave, je m'en occuperai au fur et à mesure que mon travail avançera; et puis vous n'allez pas salir vos si jolis habits. Moi je vais bien, merci de vous en inquiéter! C'est une belle journée vous ne trouvez pas? Idéale pour être dehors. Ca donne envie de bien faire les choses.
*même si j'ai tout raté depuis ce matin*

Les feuilles et les mauvaises herbes avaient été rassemblées dans un coin, et Uial se mit à les fourer dans un sac, quand un croassement rauque se fit entendre.

- Oui, rien de tel qu'une bonne journée pour être en forme...." Naur s'interompit lorsqu'il entendit le croissement. "Y aurait-il un corbeau dans les parages? C'est bizarre, d'habitude on ne les trouve que dans les champs... "

L'elfe, son faucon perché sur l'épaule, sembla réfléchir puis regarda dans les arbres pour voir où était l'oiseau.

Uial fit lui aussi le tour de l'endroit du regard.
Ca ne pouvait être que Verdelet qui avait décidé de revenir.
Il l'apperçu soudain, perché à mi-hauteur dans un bouleau au milieu du petit jardin. Le blond hésita à l'appeller. Si Ysaak revenait, ça allait encore très mal se passer...
Il se mordit les lèvres, comme il le faisait toujours lorsqu'il était ennuyé, puis décida de laisser le corbeau à sa place, et il reporta son attention sur Naur.

- C'est l'oiseau du professeur d'Histoire, Ysaak Nergal. Votre faucon est superbe aussi. Il a l'air vraiment intelligent! Et si noble. Chez nous, on dit que les animeaux finissent toujours par ressembler à leur maître, un peu comme des totems voyez-vous... Et je trouve que ce faucon vous correspond parfaitement!" en disant cela, Uial tendit le bras vers l'animal de Naur et laissa la bête lui picorer curieusement le doigt. "Au fait, de quelle forêt venez-vous? De quel clan elfique je veux dire...

Naur parut être interressé par le corbeau nommé Verdelet, mais il se raidit immédiatemment lorsqu'il entendit la question de l'elfe.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler." sa voix était froide, séche et sans appel.

Il se tourna pour déposer son animal sur une branche d'arbre.

- Heu..." Uial haussa les sourcils, supris. "Et bien... votre clan... Vous avez bien une famille, non? Moi je suis né chez les Sylvèstres de l'Est.

Le blond avait la voix qui tremblait. Il avait comme l'impression de faire une erreur monumentale.
Ce jour-ci était-il maudit pour lui?

- Je ne connais pas la significtation du mot clan. Je suis né des feuilles tourbillonnantes de l'Automne." répondit Naur, aussi séchement que la dernière fois.

Il faisait à présent face au fleuriste, une lueur de défi dans les yeux.

Uial soutint son regard un instant, mais sans animosité, juste de l'incompréhension.
Puis il baissa la tête et se mit à retourner la terre des plates-bandes fraîchement dégagées.

- Je suis désolé. Je suis trop curieux. Peut-être devriez-vous retourner vaquer à vos occupations, et me laisser finir mon travail.

Naur allait retourner dans sa classe, lorsqu'il se rememora les yeux du fleuriste. Il grimaça, puis revint sur ses pas.

- Excusez-moi, je me suis emporté..." l'elfe hésitait à dire la suite, mais il se lança, héstimant qu'il pouvait lui faire confiance." Je n'ai jamais connu mon clan."

Uial secoua la tête, il avait compris.

- Je suis désolé, c'est moi qui suis trop curieux. J'ai mal commencé ma journée, et ça n'a pas l'air de s'améliorer alors... je vous demanderai de m'excuser si je vous ai blessé. Mais c'est peut-être vraiment mieux de se quitter maintenant, avant que je fasse encore d'irréparables dégâts." murmura-t-il gravement.

Il était bête, et vraiment maladroit!
Rien à voir avec sa maîtrise habituelle des choses. La faute à qui? Il se le demandait bien... soit il était vraiment plus indiscret qu'il ne le croyait, soit c'était du à sa troublante altercation avec Ysaak.

- Je viendrais vous prévenir lorsque j'aurai terminé." déclara-t-il enfin pour terminer la conversation.

- Vous n'avez pas à vous excuser. Vous ne le saviez pas, ce n'est pas de votre faute."

Naur marqua une petite pause, puis il ajouta sur un ton plus joyeux:

- Serait - ce trop vous demander si vous pourriez deserber en suivant ce schéma? J'ai remarqué les différentes plantes qui était d'origine, mais je pense que les fougères seraient mieux au pied de ce petit coin d'ombre formé par les arbres que voici." Il désigna les plantes, puis rajouta." Qu'en pensez-vous?"