Faire sourire un elfe...

Brusquement, Tsukiyo poussa le jeune soldat loin de lui et attrapa ses mains.
Il le foudroya du regard, son expression soudainement plus dure, proche de celle qu'il arborait alors qu'ils étaient encore en ville.

- Ne fais jamais ça!" siffla-t-il en lâcha les bras de Ruki de façon dédaigneuse.

L'adolescent était allé un peu trop loin à son goût. Il ne pouvait pas le savoir... Mais ce n'était pas une raison, Tsukiyo détestait être touché à cet endroit là. Il y avait bien pensé pourtant, avant de se déshabiller, mais il avait oublié ce détail avec l'étourdissement de leur jeu.

(j'en étais sûre!ptdr! C'était prévisible niark niark!^0^)

Ruki sursauta quand l'elfe le repoussa et reprit son expression froide.
Bon il avait encore gaffé. Il soupira légèrement.

"Et pourquoi? Si vous n'aimez pas le contact, il ne fallait pas commencer..."répondit le loup garou doucement.

Il ne comprenait pas la réaction de Tsukiyo. Quoique il aurait dû s'y attendre.
Et il n'allait tout de même pas rester les bras balants pendant que son aîné le caressait.
Il arbora un petit sourire narquois. Etrange nuit que tous ces événements survenus en si peu de temps.

(lol oui ça l'était.. mais bon hein faut pas trop m'en demander mon cerveau hiberne pdt les vacances lol)

Tsukiyo ouvrit la bouche pour parler, hésita puis la referma.
Non, il n'allait quand même pas se rabaisser au point de laisser ce gosse le toucher.
Le toucher ici.
Il croisa les bras, regarda ailleurs, soupira, agacé. Pas tant par Ruki - sa réaction était normale après tout - mais surtout par son propre comportement.
Il était d'une indécision execrable.
Il avançait, tendait sa main pleine de viande à ce carnassier qu'était Ruki puis la retirait, avant de la retendre, s'étonnant que l'adolescent le morde... Exactement comme un enfant qui jouerait avec le feu d'une bougie, fasciné, mais conscient dudanger, alors que ses parents ont le dos tourné.
Or il n'y avait rien au monde qu'il détestait plus que les enfants.
au train où cela allait, le soldat finirait bien par savoir...
Sauf s'il partait.
Mais il n'en a avit pas envie, il s'amusait bien ici.
*Raaaaah Tsukiyo, arrêtes cinq minutes de te comporter comme ça! Tu es exaspérant!*
Enfin décidé, il s'assit au sol, dos tourné à son cadet, attendant non sans anxiété de connaître sa réaction et de savoir si oui ou non, il supporterait le contact si jamais le gamin décidait de lui toucher le dos.

(Mais non!! C'est juste que précédement tu avais fait une ligne qui disait qu'il n'aimait pas ça! Et comme tu le dis si bien, j'aime jouer avec le feu moi aussi!^0^)

Ruki le regarda hésiter puis se taire.
Peut-être que ce n'était pas que l'elfe n'aimait pas le contact mais que c'était parce que c'était lui...Après tout c'était compréhensible. Un loup garou inspirait toujours le dégoût, même sous sa forme humaine. Il l'avait déjà lu dans de nombreux regards.
Il soupira découragé. Son idée de faire sourire Tsukiyo lui semblait grandement compromise. Pourtant il ne voulait pas abandonner.
Son aîné l'attirait irrésistiblement et ça, il ne pouvait le nier...
*Quelle prise de tête!*

Il le vit s'asseoir à quelques pas de lui, lui tournant le dos.
Le loup garou avait envie de s'approcher de lui, de le toucher.
Mais si c'était pour obtenir le même genre de réaction, mieux valait s'abstenir.
Il s'approcha néanmoins de lui, restant derrière lui.
L'adolescent s'accroupit mais au lieu de le toucher, il le caressa de son souffle, s'amusant du bout du lèvre.

(mé je t'en veux pas ^^)

La tête baissée entre ses bras, et ces derniers posés sur ses genoux, Tsukiyo s'obstinait à fixer le sol à travers le rideau sombre que formait ses cheveux, s'obligeant à ne pas bouger entre les insultes qu'il se lançait mentalement.
Il était misérable, et cela le rendait fou furieux, mais il avait décidé, à présent, c'était trop tard pour faire marche arrière.
Lorsque le souffle chaud du garou frôla la multitude d'épaisses cicatrices mal refermées qui striaient son dos musclé, il frémit et ne put retenir à temps son gémissement, bien qu'il se mordait la lèvre à se la trouer.
Dieu, il ne supporterait pas cela bien longtemps.
La torture était plus morale que physique bien sûr, et ça n'en était que plus lourd à accepter.

(heureusement!^^)

Ruki perçut le gémissement de l'elfe noir et sourit doucement.
Ses yeux accrochèrent les cicatrices de Tsukiyo et son coeur se serra douloureusement. Son aîné semblait avoir souffert par le passé.
Peut-être que c'était pour cette raison qu'il n'acceptait pas qu'on le touche...
Il arrêta son petit jeu de caresses aériennes et risquant le tout pour le tout -après tout il avait l'habitude de se faire jeter comme un mal propre par l'elfe!-, il posa ses lèvres avec délicatesse sur son dos blessé.
Le loup garou embrassait doucement sa peau douce et chaude, ignorant ses stigmates, les baisant tout autant que le reste.

(...Je crois qu'il est mort là non?^^"")

(mdr s'il était mort c pas drôle nan, y aurai plus de jeu...)

Tsukiyo soupira plus fort.
Les lèvres de Ruki étaient encore plus douces lorsque'elles étaient simplement posées sur sa peau que lorsqu'il les prenait sauvagement pour forcer un baiser.
Il les sentit glisser le long de sa colonne vertebrale, du bas jusqu'en haut, aussi légères qu'une caresse de papillon.
Il revoyait son existence passée... la caverne sombre et humide où lui et ses frères étaient enchaînés, condamnés à hurler à la mort, torturés et battus pour le simple fait d'être nés.
Pourtant les baisers de Ruki n'avaient littéralement rien à voir avec la morsure cruelle du fer chauffé à blanc ou du fouet...
Mais c'était le geste... le fait de sentir quelqu'un derrière lui, tout prêt, et de ne pas voir ce qu'il s'apprêtait à faire...
Plongé dans ses souvenirs macabres, partagé entre le plaisir et la douleur, il ne s'entendit même pas prononcer le nom du jeune loup-garou.

(voui c'est vrai!^^" De ce point de vue!^^)

Voyant que l'elfe ne semblait pas en prendre -trop- ombrage, il continua un moment ses baisers.
Le fait qu'il prononce son nom, de manière aussi...fragile, le surpris légèrement.
Ruki releva le visage. Il voulait le voir de face.
Il voulait voir ses grands yeux rouges qui lui faisaient tant d'effet.
Il voulait voir son visage tout simplement.
Peut-être espérait-il un sourire.
Quoiqu'il se doutait que ça ne serait probablement pas pour ce soir.
L'adolescent se redressa, délaissant son dos et le contourna.
Il se mit face à lui et releva la tête baissée de Tsukiyo, en caressant sa joue.
Il lui sourit doucement et attendit une quelconque réaction de sa part.

L'Elfe garda les yeux fermés et ne chercha qu'à approfondit le contact de la main douce de Ruki contre son visage en appuyant sa joue un peu plus.
Il se laissa caresser, embrassant parfois délicatement la paume du brun lorsque sa bouche se trouvait à portée, murmurant parfois son prénom.
Il avait conscience de son lunatisme troublant.
Mais il avait, pour la première fois de sa vie, laissé un étranger toucher les meurtrissures de son dos - les meurtrissures de son âme. Et il voulait un pe de vraie tendresse, et il avait décidé que Reila serait la personne qui devrait tenter sa chance pour lui prouver que tout en ce monde n'était pas si mauvais.
Lentement, une de ses mains quitta son genoux et attrapa celle de Ruki, y nouant ses doigts et en la pressant fort contre sa bouche.
Ses lèvres tremblaient et ses yeux le piquaient étrangement.
Il se détestait de réagir ainsi.

Le loup garou percevait le trouble intèrieur de son compagnon.
Il appréciait la douceur des lèvres de l'elfe sur sa main tandis qu'il redessinait ses traits, découvrant le visage parfait de Tsukiyo.
Il n'osait pas parler, conscient que cela pourrait briser la magie du moment.
Un sourire tendre effleura ses lèvres quand son aîné attrapa sa main pour l'enlacer et l'embrasser.
Il se sentait troublé par ce qu'il faisait naître en lui.
Ruki, agenouillé devant lui, se rapprocha de son visage et posa un doux baiser sur ses lèvres temblantes.
Il voulait montrer à cet être torturé qu'on pouvait aussi embrasser sans violence, seulement avec tendresse.
Il ne souhaitait pas le réconforter, cela il savait qu'il n'en serait probablement pas capable, mais simplement lui redonner confiance...

Tsukiyo réouvrit enfin les yeux lorsque les lèvres douces de Ruki se posèrent sur ses lèvres.
Il se laissa faire, prenant part au baiser, puis recula la tête alors que l'adolescent reprenait son souffle et voulait retrouver encore sa bouche.

- Tu ferais mieux de rentrer chez toi." dit-il d'une voix basse en le regardant dans les yeux. "Ca suffit pour aujourd'hui.

Sa dernière phrase l'étonna lui-même. Il parlait à Ruki comme le professeur qu'il était devant son élève; supposant implicitement qu'il y aurait une autre fois semblable à celle-ci.
Il se leva lentement, se surprenant à regreter son geste - l'être blessé qui se cachait craintivement au fond de son âme voulant rester encore auprès du loup-garou pour échanger sa peine et trouver un réconfort curatif, mais la personnalité forte et froide qui régissait son corps s'y refusant, trop humilié.
L'Elfe retourna à ses vêtements et les remits les uns après les autres en silence.

Il se sépara à regret de ses lèvres et l'écouta. Une part de lui se révoltait.
Il ne voulait pas quitter l'elfe. Mais l'autre lui disait que ce n'était probablement pas le moment pour insister et en faire encore à sa tête.
Et puis la manière dont Tsukiyo avait parlé signifiait qu'il le reverrait non? Tout n'était pas perdu...

Il le regarda se lever et s'éloigner de lui, admirant au passage son corps magnifique, se surprenant à vouloir tendre la main pour le retenir.
Ruki ne se savait pas si dépendant de quelqu'un.
Et puis, il ne voulait pas avoir l'air de le supplier non plus!

A son tour, il se redressa et remit ses vêtements lentement, ne se résolvant pas à dire quelque chose pour le retenir ou autre.
Néanmoins il se rapprocha de lui une fois revêtu et le regarda avec son petit sourire malicieux.

"Hum, même si tu me fausses compagnie ce soir, ne te fais pas d'illusions, demain et les autres jours, je serais là pour te pourrir la vie!"

Le loup garou n'avait pas oublié sa promesses faite à lui même de le voir sourire, franchement, pas un sourire comme ceux qu'il avait pu voir affiché sur son visage jusqu'à maintenant

Tsukiyo se retourna pour partir et vit Ruki planté en face de lui, avec son sourire qui semblait ineffaçable toujours plaqué sur ses lèvres.
Demain et tout les autres jours, je serai là.
Le petit bout d'Elfe en lui sauta de joie.
Tsukiyo voulu grincer des dents et renifler avec un air de dédain, voir ricaner au joli monois de Ruki, comme pour lui dire "tu te fais des idées", mais il en fut incapable.
Il le fixa longuement, sans expression, puis le contourna lentement pour s'enfonçer dans la petite clairière qui entourait le lac, marchant au pas.
Il avait encore du temps avant que le jour ne se lève, mais il était fatigué et puis il avait des cours à donner dès huit heures le lendemain.
Au long du chemin, il ne put s'empêcher de se demander quand et comment il reverrai le jeune loup-garou, qui semblait gagner peu à peu du terrain sur lui.

Ruki fit légèrement surpris que l'elfe ne réagisse pas. Il se serait attendu à une réplique cinglante de sa part.
Il le regarda s'éloigner à regrets. Le désir de le suivre se faisait intrensigeant en lui.
Il se retint tout de même. Il ne voulait pas tout gâcher.
Il s'assit un moment, les yeux perdus à l'endroit où Tsukiyo avait disparu.
Le loup garou ne savait pas trop ce qui lui arrivait. L'elfe avait fait réagir son corps de bien différentes façons ce soir, autant au niveau physique que psycologique.
Oui c'est sûr qu'il le reverrait. Ca il n'avait pas à en douter, il ferait tout pour ça!
Il se releva à nouveau et s'éloigna vers le château. Il était déjà tard et son service commencait tôt le lendemain matin.
L'adolescent ne put s'empêcher de lever un instant les yeux pour regarder la lune qu'il détestait tant.
Dans moins d'une semaine, elle serait pleine. Il avait intérêt à partir ce jour là s'il ne voulait pas tuer quelqu'un d'autre...
L'adolescent sentit les larmes piquer ses yeux à ce souvenir mais il se retint et reprit sa route, non sans se retourner plusieurs fois pour être certain que Tsukiyo n'était plus là.